Une vie de X-men dans un monde d’intolérants
Il y a quelques jours, alors que nous discutions de l’ouverture d’esprit des autres face à notre différence en tant qu’autistes Asperger, mon compagnon était tout content de me dire que j’étais, selon lui, « comme un X-men ».
Après un petit temps où je me suis demandée s’il se moquait de moi (oui, parce que l’ironie et moi c’est assez compliqué haha).
Bref, il a pris le temps de m’expliquer son idée, cela m’a beaucoup ému et je voulais partager avec les lecteurs de ce blog ce qu’il m’avait dit.
« Tu es comme une X-men parce que tu es différente. Tu as des superpouvoirs, qui, parfois, peuvent faire peur aux « gens normaux », parce que la différence fait toujours peur, il faut prendre du temps pour l’apprivoiser. Tu as des faiblesses, mais comme tout un chacun en fait. Ta plus grande faiblesse, c’est que tu te soucies trop du regard des autres, que tu te sens isolée par tes différences, elles ne te permettent pas de voir tes superpouvoirs. Un X-men qui veut à tout prix ressembler aux gens normaux ne s’en sort pas, il s’oublie lui-même et se met en danger, par la diminution de la confiance en soi, par des mises en danger… Les x-men, seuls, sont rejetés et ont du mal à vivre comme il faut. C’est pour cela qu’ils finissent par se trouver une deuxième famille. Une famille qu’ils se construisent, faite de gens comme eux et de gens ouverts d'esprit, avec leurs différences qui les rapprochent. Ils combinent leurs forces, l’isolement n’existe plus, le regard des autres ne compte plus autant. Et ils deviennent surpuissants ! Par exemple, regarde Einstein, il devait être Asperger, mais son intelligence pouvait faire peur, c'est comme ce gars qui sait donner les résultats à plein de décimales de certaines divisions impossibles, lui aussi il pourrait faire peur par son intelligence... »
Vous l’aurez compris, mon homme est fan des X-men ^^
J’ai trouvé son explication assez mignonne et elle m’a fait beaucoup réfléchir. C’était plaisant d’imaginer que mes différences pouvaient être des forces, même si, sur le moment, j’ai eu du mal à comprendre quelles pouvaient être les qualités provenant de mon syndrome d’Asperger.
J’y ai donc réfléchis : Mais quels sont mes superpouvoirs ? Mais quels sont mes superpouvoirs ? MAIS QUELS SONT MES SUPERPOUVOIRS ???!!! Et ainsi de suite… Autant dire que je n’ai pas beaucoup dormi haha
Et là , dans le fin fond de ma tête, et avec l’aide du chéri, j’ai vu émerger un nouvel espoir de hausse de mon estime de moi :
Une de mes premières qualités provient de mon besoin de répétitions, de stabilité, de routines. Je peux sans problème me lancer dans une tâche répétitive, qui demande de la précision, sans que ma concentration ne baisse. Je vais continuer jusqu’à arriver au bout de ce que j’ai prévu, dans la qualité que j’ai imaginée. Je suis un parfait petit robot et ce des heures durant. Car ma deuxième qualité provient de mes intérêts spécifiques. Ils me prennent beaucoup de temps, je ne compte pas les heures que je passe à lire des livres sur tel ou tel sujet (en ce moment, le Japon et la permaculture), à faire des puzzles, à m’occuper de mes animaux… Et donc quand une activité me plait, je ne compte pas mes heures pour elle non plus. C’est un sacré avantage (même si j’en oublie même de manger parfois !)
Une autre de mes qualités serait ma mémoire. Lorsque j’étais serveuse, mon premier emploi, on m’appelait « REC », car je pouvais retenir une commande de 8 personnes, entrée/plat/dessert/boisson tant qu’on me laissait dans mes rituels. Je retenais beaucoup d’informations que j’avais vu ou entendu au court d’une journée, et pouvais les restituer avec beaucoup de précision.
Au final, je suis peut-être un peu une super-héroïne hahaha !
Sauf que ces qualités ne peuvent effectivement pas être mises en avant si nous sommes seuls, isolés, nous concentrant sur nos « bizarreries ». Après tout, Wolverine ne serait-il pas vu comme bizarre en essayant de tenir une petite tasse de porcelaine lors d’un goûter mondain avec ses grandes lames qui sont bien utiles pour se défendre ?
Parfois je me sens comme ça.
Comme lorsque je me force à tenter de ressembler à une neurotypique et que j’essaie de suivre une conversation alors qu’il y a beaucoup de bruit autour de moi. Ou lorsque je ne comprends pas que la personne face à moi fait de l’humour. Ou encore lorsque je vois mon stress monter énormément parce qu’une sortie achat de chaussures de randonnée ne se passe pas du tout comme je me l’étais préparée quelques heures auparavant… (Un moment très récent où je me suis vu faire du flapping parce qu’il y avait trop de choix, qu’il fallait que je me concentre sur mes sensations physiques (qui me font défaut) alors qu’il y avait beaucoup de bruit autour de moi et que j’avais la pression de ne pas me tromper étant donné le prix des chaussures et le fait qu’elles me serviront pour notre voyage au Japon dans 15j…)
Et dans ces moments - là , j’ai envie de creuser un trou et de me cacher dedans, jusqu’à ce que ça passe. Voilà ma plus grande faiblesse. Bref, il n’y a pas que des avantages au syndrome d’Asperger, loin de là , et parfois le quotidien est dur à porter, mais il y en a tout de même. Et il est important de ne pas les oublier :)
Du coup, il faut savoir s’entourer. J’ai découvert, grâce à mon diagnostic, des personnes comme moi, des x-mens en puissance, qui ne demandent qu’à se découvrir, à découvrir leurs superpouvoirs et à pouvoir les utiliser librement. Et rien que pour cela je pense que le diagnostic est important, voir capital. Après tout, nous ne sommes « bizarres » que parce que nous nous comparons au monde neurotypique ! Si nous considérons un petit univers d’autistes asperger, nous serons tout à fait normaux ;) Et nous pourrons nous soutenir dans nos difficultés que connaitront aussi certains de nos pairs, et nous encourager dans nos qualités.
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